Le Vide [d’image de soi] – épisode 2

Le Vide [d’image de soi] – épisode 2

Vide de soi

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“Qui m’aime me suive!”, clama Philippe VI de Valois (1293-1350), avant la bataille du mont Cassel, le 23 août 1328, à l’aube d’une guerre si longue qu’on l’a dit “de cent ans”.

S’il devait crier quelque chose d’aussi efficace aujourd’hui, il est fort à parier que ce serait du style “Qui me voit m’aime, me like et me suive !”sur Facebook, agrémenté d’un selfie et de quelques hashtags bien ciblés dans la veine de l’époque … le tout diffusé comme il se doit sur l’ensemble des réseaux sociaux disponibles.

Autant dire que le lourd principe de “suivre” de nos temps modernes n’est en rien nouveau ; alors soyons honnêtes et courageux et rendons donc à Philippe VI ce qui lui revient : la pater-antériorité de ce lourd … très lourd principe susnommé. Et concédons à  Facebook et autres réseaux sociaux un simple droit de suite, à la rigueur un droit d’usage…. aux multiples effets secondaires au moins aussi dévastateurs que la dite “Guerre de cent ans ” de Philippe VI.

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Valide moi

Ceci fait, posons-nous la question suivante : s’il n’avait été aimé, qui l’eut suivi, Philippe VI? S’il n’avait pas incarné , représenté la France… s’il n’avait pas été reconnu et vu comme son roi, combien l’auraient suivi dans cette bataille ? La réponse peut sembler évidente : personne… ou tellement peu qu’à défaut de bataille il n’y aurait même pas eu de sujet.

De ce fait, c’est très tentant de se dire que sans ces incontournables ingrédients de départ que sont la reconnaissance et la légitimité, nos batailles pour exister socialement vont être rudes, très rudes.
Et si, en plus, on donne uniquement “aux Autres” la compétence de nous [reconnaître] et de nous [légitimer]…alors, là… c’est comme partir au combat en tenue d’Ève et sans protection solaire : on va se sentir très exposé(e) et vulnérable.

Si on se sent invisible, [vide], nu(e), il va devenir alors essentiel, vital de se donner consistance et de créer les opportunités pour que ces “Autres” nous captent/intègrent/impriment quoiqu’il nous en coûte dans leur monde, même si cela peut être au détriment de certaines de nos valeurs profondes.

Si on se convainc que c’est les Autres qui nous protègent et nous permettent d’exister, alors on peut se “remplir de tout et de n’importe quoi” pour combler ce Vide [d’image de soi], être prêt à “beaucoup” voire “à tout” pour obtenir des Autres ce droit “d’être” quantifiable, utile, nécessaire… aimable…
C’est ainsi que l’espace commence à se créer pour le Burn-Out s’installe, par exemple.
L’échelle qui permet de nous valoriser ne dépendant que de l’autre, s’il ne nous “valide” pas : on n’existe pas.

 

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Qui ne me voit pas ne peut donc pas m’aimer ?

C’est heureusement plus complexe que cela, mais l’actuel culte de l’ultra-médiatisation du “soi” grâce aux réseaux sociaux (ou à cause d’eux) brouille un peu les cartes.

L’image que l’on a de soi s’établit dés l’enfance (Le Vide [d’image de soi] – épisode 1) tout comme les bases de la confiance qui en découle. Elle dépend de l’interaction avec l’entourage mais elle n’est pas spontanée : elle est le fruit d’une élaboration, d’une expérimentation sensorielle qui a démarrée dès les premiers jours de notre vie pour aboutir vers l’âge de 2 ans environ à la prise de conscience -en toute autonomie-  de notre reflet dans le miroir.
Là, on a réalisé qu’on était “nous”, “quelque chose” avec un contour identifiable visuellement et matériellement,  en dehors du reste du monde.

Devenu “grand”, se souvenir que l’on s’est un jour [vu] et [reconnu] physiquement tout seul(e), sans l’aide de personne, est important parce que c’est un des piliers de la conscience de soi et par extension de l’amour, l’attention positive que l’on peut se porter.
Ce pilier est d’autant plus important  que c’est celui qui ne dépend de personne d’autre que de nous-mêmes, du regard physique et mécanique que l’on a TOUS un jour porté sur nous.

En [re]prendre conscience c’est reconquérir la base à partir de laquelle on va [re]placer et [re]dessiner ces limites qui font que l’on existe dans le monde réel, c’est se souvenir que l’on s’est déjà [vu] et qu’on s’est [liké], voire même [kiffé grave] comme des grands, sans personne !

Pour être [vu], avant même d’être [re]connu, il faut exister. Et cela, à un moment, on s’en est rendu compte et on en a pris conscience un jour, ne le devant qu’à nous-mêmes alors qu’on n’avait moins d’une cinquantaine … de mois.
Et si vous l’aviez oublié, et bien voilà, cet article a pour vocation de vous le rappeler.

En astrologie, il y a un axe et une maison (la V) qui correspond, et questionne, et parfois explique comment l’image, la conscience que nous avons de nous-mêmes s’est construite, ou s’exprime toujours. Savez-vous comment elle se traduit pour vous dans votre thème ?
En tout cas pas grâce aux réseaux sociaux, au “système”, au management ou à la hiérarchie que vous connaissez (ou subissez)… vous pouvez me faire confiance (ou pas, et à ce moment là je suis à votre écoute pour en parler !).

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Apprendre à faire “sans l’Autre”

Rappelez vous  qu’un jour, vous vous êtes [kiffé grave].

Et la prochaine fois que vous vous regardez dans un miroir, recommencez :

kiffez-vous et souriez-vous … vous n’êtes pas [vide].

C’est surement ce que s’est dit Philippe VI le 23 août 1328 , alors pourquoi pas vous en 2019 ?

Cela ne fait pas tout, mais c’est l’incontournable début.

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crédit photo Laura Williams

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….  (et si  vous souhaitez avoir plus de détails sur les phases entre 0 et deux ans qui vous ont construit(e) pour que la conscience de vous-même s’élabore, il y a un très bon article simple et accessible à découvrir en cliquant ).


Le Vide [d’image de soi] – épisode 1